lundi 3 novembre 2008

Apprivoisé



C'est alors qu'apparut le renard :

"Bonjour", dit le renard.
"Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste"...
"Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé".
"Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?"
"C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie créer des liens..."
"Bien sûr, tu n'es pas encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..."

(...)

"Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sur terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé..."

(...)

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure de départ fut proche :

"Ah ! dit le renard. Je pleurerai."
"C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise..."
"Bien sûr", dit le renard.
"Mais tu vas pleurer !", dit le petit prince.
"Bien sûr", dit le renard.
"Mais alors, tu n'y gagne rien", dit le petit prince.
"J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé".

Puis il ajouta : "Va revoir les roses. Tu comprendras. Tu comprendras que la tienne est unique au monde".

Le petit prince s'en fut revoir les roses :

"Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais, j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde".
"Vous êtes belles, mais vous êtes vides, dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est ma rose."

Et il revient vers le renard :
"Adieu", dit-il...
"Adieu", dit le renard.

"Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux."

"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. Les hommes ont oublié cette vérité. Tu ne dois pas l'oublier. Tu est responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime bien le petit prince, c'est ^bourré de poésie et de philosophie.