dimanche 2 novembre 2008

Oser vivre ses rêves

Encore un petit texte écrit par moi-même dans le cadre d'un cours d'écriture.


Oser vivre ses rêves


La porte s'ouvre en grinçant. Je parcours le bistrot du regard. Au fond, un serveur passe un coup de balai. Derrière le comptoir, le barman nettoie les verres. Je jette un rapide coup d'oeil à ma montre. Il est 21h30. Je m'avance vers le comptoir. Le barman lève les yeux et me sourit. Je fouille dans mes poches, et sors un billet de cinq euros.

« Bonsoir, Joël
- Bonsoir David. De passage ?
- Oui... »

Je sirote ma bière, plongé dans mes pensées. Pourquoi suis-je allé à Boulogne-sur-Mer ? J'ai agi sur un coup de tête. Je voulais voir la mer. Mais même le bruit des vagues se cassant sur le sable n'arrive pas à me consoler. Me consoler de quoi ? De la mort de Camille. Ma femme. Elle me manque. J'aimerais la revoir, rien qu'une fois. Lui dire que je l'aime et que tout est ma faute.

« Une autre bière, s'il te plaît. »

Un voile blanc passe devant mes yeux. Je me sens mieux, apaisé. Je bois ma bière cul-sec. Je regarde Joël et lui sourit. Je suis de bonne humeur.

« Comment vont les affaires ?
- Pas mal... »

Joël a l'air la tête ailleurs. Je me demande bien ce qui le tracasse. Je n'insiste pas et commande une vodka.

« Tu ne penses pas que tu as assez bu ? », me demande Joël.

Je ris. Joël soupire, et pose le verre sur le comptoir. Je sais ce qu'il pense. Que je bois trop. Que je suis accroc. Mais boire un verre ne me tuera pas...


***


Ce soir je suis allé dans un café. J'ai rencontré un habitué des lieux. Il parlait tout seul et apostrophait parfois le barman, qui ne répondait pas et se contentait d'essuyer ses verres. Je me suis approché et j'ai commandé un café.

L'homme – ivre – m'a regardé, désireux de discuter. Il m'a confié ce qu'il avait sur le coeur. Une femme morte d'un cancer. Un travail fatiguant. Une vie sans intérêt. Le chagrin et la peur noyés dans l'alcool.

Parfois il arrive que nous ne soyons pas satisfaits de nos vies, que nous ayons des rêves et que ceux-ci demeurent inaccessibles. S'offrent alors à nous plusieurs options, plusieurs chemins.

Le premier chemin est le plus facile : se résigner et ne pas agir. Continuer à mener une vie banale mais sûre. Ceux qui empruntent cette voie ont peur de l'imprévu et se sentent en sécurité quand ils respectent les règles édictées par la société : se marier, avoir des enfants, une maison, un chien. Ils ne cherchent pas à se révolter contre l'ordre social établi et à vivre leurs rêves, par peur de l'inconnu. Ceux qui ne craignent pas l'aventure suivent un autre chemin. Ils décident de prendre leur vie en main et de réaliser leur rêves. Délibérément, ils ne respectent pas les règles. Ainsi peuvent-ils être vraiment heureux. Ceux qui craignent l'inconnu mais qui ne supportent pas les règles établies se retrouvent pris au piège. Ils essaient de se donner du courage, pour affronter une existence dénuée d'intérêt.

Certains se cherchent des excuses pour ne pas agir, même s'ils ont des rêves secrets : leurs enfants, leur famille... D'autres ont recours à des palliatifs qui jouent le rôle d'antidépresseurs, comme les drogues ou l'alcool. Un moyen d'oublier un temps son quotidien, de s'évader. De trouver du courage au coeur de l'ivresse. Mais l'alcool est-il vraiment un remède ? Certes, il nous rend euphorique. Pendant quelques instants, nous nous sentons vivants. Mais une fois ses effets dissipés, encore plus dure est la chute vers la réalité, amère, froide. Se réfugier dans un autre univers, que ce soit par l'alcool, la drogue voire les jeux vidéos, ne rend heureux qu'un temps. Cela ne reste qu'une illusion bien éphémère. Revenus à la dure réalité, nous sommes tentés de reprendre un verre, de fumer un autre joint ou de retourner dans le monde virtuel. Nous tombons dans une spirale infernale : celle de la dépendance. A défaut d'être libre, nous nous retrouvons encore plus prisonnier.

Je me suis trouvé à la croisée de ces chemins moi aussi, et j'ai pris la direction opposée. J'ai tout quitté – mon emploi de banquier, mon appartement - pour refaire ma vie. J'ai pris l'avion. Je suis parti. J'ai vécu deux ans aux États-Unis. Je changeais sans cesse de lieu et de travail. En rentrant en France, j'ai publié un livre sur mon expérience, bourré de photographies accumulées au cours de mon périple. Je suis maintenant écrivain. Et jamais de ma vie je ne me suis senti aussi libre. J'ai réalisé mes rêves car je me suis rebellé. J'ai trouvé le courage de me rebeller car j'ai gardé espoir. Ceux qui n'ont plus espoir ont peur de l'inconnu. Ils sombrent, la plupart du temps, dans les artifices que sont l'alcool et les drogues.

J'ai expliqué tout cela à l'homme assis à côté de moi. Le barman lui aussi m'a écouté, un torchon dans la main. Quand je me suis levé pour payer mon café, l'homme, David, a insisté pour me l'offrir. Je pense que je l'ai convaincu de garder espoir. Du moins je l'espère. Il m'a serré la main. J'ai souri et je suis rentré chez moi. Heureux et libre. Si la peur peut vous rendre prisonnier, l'espoir peut vous délivrer.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ADORE!!

Ce passage est tellement vrai :

Ceux qui empruntent cette voie ont peur de l'imprévu et se sentent en sécurité quand ils respectent les règles édictées par la société : se marier, avoir des enfants, une maison, un chien. Ils ne cherchent pas à se révolter contre l'ordre social établi et à vivre leurs rêves, par peur de l'inconnu. Ceux qui ne craignent pas l'aventure suivent un autre chemin. Ils décident de prendre leur vie en main et de réaliser leur rêves.