dimanche 21 décembre 2008

Manuel est un homme libre



Manuel est un homme libre


"" Pendant trente ans, Manuel travaille sans arrêt, il élève ses enfants, donne le bon exemple, consacre tout son temps au travail et ne se demande jamais : « Est-ce que ce que je suis en train de faire a un sens ? » Son seul souci, c’est l’idée que plus il sera occupé, plus il sera important aux yeux de la société.
Ses enfants grandissent et quittent la maison, il a une promotion au travail, un jour on lui offre une montre ou un stylo pour le récompenser de toutes ces années de dévouement, ses amis versent quelques larmes, et arrive le moment tant attendu : le voilà retraité, libre de faire ce qu’il veut.
Les premiers mois, il se rend de temps à autre à son ancien bureau, bavarde avec ses vieux amis, et s’accorde un plaisir dont il a toujours rêvé : se lever plus tard. Il se promène sur la plage ou dans la ville, il a une maison de campagne qu’il s’est achetée à la sueur de son front, il a découvert le jardinage et il pénètre peu à peu le mystère des plantes et des fleurs. Manuel a du temps, tout le temps du monde. Il voyage grâce à une partie de l’argent qu’il a pu mettre de côté. Il visite des musées, apprend en deux heures ce que les peintres et sculpteurs de différentes époques ont mis des siècles à développer, mais du moins a-t-il la sensation d’accroître sa culture. Il fait des centaines, des milliers de photos, et les envoie à ses amis – après tout, ils doivent savoir qu’il est heureux !
D’autres mois passent. Manuel apprend que le jardin ne suit pas exactement les mêmes règles que l’homme – ce qu’il a planté va pousser lentement, et rien ne sert d’aller voir si le rosier est déjà en boutons. Dans un moment de réflexion sincère, il découvre qu’il n’a vu au cours de ses voyages qu’un paysage à l’extérieur de l’autocar de tourisme, des monuments qui sont maintenant rangés sur des photos 6 x 9, mais qu’il n’a, en réalité, ressenti aucune émotion particulière – il s’inquiétait davantage de raconter à ses amis que de vivre l’expérience magique de se trouver dans un pays étranger.
Il continue à regarder tous les journaux télévisés, il lit davantage la presse (car il a plus de temps), il se considère comme une personne extrêmement bien informée, capable de discuter de choses qu’autrefois il n’avait pas le temps d’étudier.
Il cherche quelqu’un avec qui partager ses opinions – mais ils sont tous plongés dans le fleuve de la vie, travaillant, faisant quelque chose, enviant Manuel pour sa liberté, et en même temps contents d’être utiles à la société et « occupés » à une activité importante.
Manuel cherche du réconfort auprès de ses enfants. Ces derniers le traitent toujours très gentiment – il a été un excellent père, un exemple d’honnêteté et de dévouement – mais eux aussi ont d’autres soucis, même s’ils se font un devoir de prendre part au déjeuner dominical.
Manuel est un homme libre, dans une situation financière raisonnable, bien informé, il a un passé impeccable, mais maintenant ? Que faire de cette liberté si durement conquise ? Tout le monde le félicite, fait son éloge, mais personne n’a de temps pour lui. Peu à peu, Manuel se sent triste, inutile – malgré toutes ces années au service du monde et de sa famille.
Une nuit, un ange apparaît dans son rêve : « Qu’as-tu fait de ta vie ? As-tu cherché à la vivre en accord avec tes rêves ? »
Manuel se réveille avec des sueurs froides. Quels rêves ? Son rêve, c’était cela : avoir un diplôme, se marier, avoir des enfants, les élever, prendre sa retraite, voyager. Pourquoi l’ange pose-t-il encore des questions qui n’ont pas de sens ?
Une nouvelle et longue journée commence. Les journaux. Les informations à la télévision. Le jardin. Le déjeuner. Dormir un peu. Faire ce dont il a envie – et à ce moment-là, il découvre qu’il n’a envie de rien faire. Manuel est un homme libre et triste, au bord de la dépression, parce qu’il était trop occupé pour penser au sens de sa vie, tandis que les années coulaient sous le pont. Il se rappelle les vers d’un poète : « Il a traversé la vie/il ne l’a pas vécue. »
Mais comme il est trop tard pour accepter cela, mieux vaut changer de sujet. La liberté, si durement acquise, n’est autre qu’un exil déguisé. ""

[[Paulo Coelho - "Comme le fleuve qui coule"]]

mardi 9 décembre 2008

Top 10 - cinéma '08

Un p'tit top 10 sur une vingtaine de films vus cette année - en salle :)

Into the Wild
Mesrine
Juno
Valse avec Bachir
The Dark Knight
The Mist
John Rambo
L'orphelinat
Je suis une Légende
Le Nouveau protocole


samedi 29 novembre 2008

Mesrine, l'ennemi public n°1


Deuxième partie d'un dyptique consacré au gangster Jacques Mesrine, "L'ennemi public numéro 1" commence peu après l'arrestation du bandit à son retour du Québec, par la police française. D'évasions en braquages, on suit de plus belle le quotidien de Mesrine, et sa lente descente en enfer. La violence monte crescendo. Les faits d'armes aussi. Cette dernière semaine, le film réalisé par Jean-François Richet a attiré plus de 740 000 spectateurs dans les salles obscures. Un succès indéniable.
On pourra reprocher à ce second volet de donner à Mesrine des allures de martyre, ne serais ce qu'en pensant aux dernières minutes qui montrent sa mort comme une vraie "exécution", ou en regardant l'affiche du film. Mais ce serait oublier tous les faits horribles perpétrés par le gangster pendant les deux parties du dyptique, de l'enlevement de vieillards au presque assassinat d'un journaliste. On ne nous montre pas un Mesrine tout blanc, bien au contraire. On nous le montre tel quel, avec son côté séduisant (bon vivant, sympa) et son côté sombre, caché, cruel, où il s'avère être d'une extrême violence, pour ne pas dire sauvagerie.

Après un premier volet (L'instinct de mort) qui ne nous laissait pas le temps de souffler, à l'image de l'evasion du pénitencier québecois, cette deuxième partie est plus pondérée, lente, comme une marche vers la mort. Cette fois, même si les scènes continuent à s'enchaîner un peu trop rapidement, on a le temps d'explorer le côté "robin des bois", politique, du personnage. Qu'est-ce qui le pousse à agir ainsi ? C'est un film tout à fait différent du premier. Cette fois, on est plongé dans les années 70, et non plus à la "belle époque" des années 50-60. On sent que l'atmosphère est chargée de plomb, "moche". On assiste aux dernières années du célèbre criminel, de 1972 à sa mort sous les balles de la police, porte de Clignancourt (Paris), le 2 novembre 1979.

Loin d'être une ôde à Mesrine, le dyptique de Richet montre, à travers le gangster, le monde qui l'entoure. Jacques Mesrine est ainsi le reflet de sa société, sur le mode criminel. Quand Mesrine monte en violence, on peut voir la police devenir de plus en plus étouffante. Mention à Vincent Cassel qui a accompli un exploit de métamorphose en prenant plus de 20 kg, à l'instar de Robert de Niro dans "Raging Bull", et qui joue un Mesrine bedonnant et fatigué, qui n'échappera pas aux ailes vengeresses du destin. Un destin qui le rattrapera, pour montrer qu'une vie basée sur le crime et la violence ne conduit qu'à sa propre mort.

vendredi 28 novembre 2008

La Petite Fille qui aimait Tom Gordon

C’est exprès que Trisha s’est laissée distancer par sa mère et son frère, au cours d’une excursion sur la piste des Appalaches, lassée de leurs disputes. Ce qu’elle n’imaginait pas, c’est que quelques minutes plus tard elle serait perdue dans les bois. Qu’elle affronterait le froid, la faim, la nuit. Il lui reste son baladeur, sur lequel elle peut suivre les exploits de son idole, Tom Gordon, le joueur de base-ball. Le seul qui peut l’aider, la sauver.

Très bonne exploration des recoins cachés de la volonté, à travers l'histoire d'une petite fille perdue dans les bois, qui marchera pendant une semaine entière... mangera et boira ce qu'elle pourra, découvrira l'instinct de survie et en sortira grandie. Une belle exploration aussi de ses angoisses, de ses peurs refoulées. Bref un très très bon livre. Du grand King, comme d'habitude.

Une histoire assez loin de ce qu'on a l'habitude de lire avec lui, et c'est ce qui fait la classe de cet écrivain : il ne se limite pas à l'horreur, il explore tout, souvent à partir d'histoires toutes simples, de l'univers carcéral (Shawshanks redemption, La ligne verte) à l'adolescence (Le corps), et souvent, la psychologie de personnages plongés dans des situations assez singulières (Jessie). Ici, une fillette se perd dans les bois et on est alors plongé dans les méandres de ses pensées, dans ses espoirs, ses hallucinations, son imagination, et comme elle on ressort de cette expérience changé.

"La petite fille qui aimait Tom Gordon", c'est une version moderne du petit chaperon rouge, une version psychologique, un huit clos dans les bois, une lutte pour la survie, contre les peurs enfantines et/ou enfouies, un voyage initiatique.

jeudi 13 novembre 2008

La vérité

"Après avoir créé l'Univers,
les dieux se demandèrent
où dissimuler la Vérité.
Sur la plus haute montagne ?
Tout au fond des mers ?
Sur la face cachée de la Lune ?
Finalement, ils se dirent :
"Cachons-la dans
le coeur de l'homme.
Il la cherchera partout
sans se douter qu'elle se trouve
au plus profond de lui-même".

(Vieille légende hindoue)

lundi 3 novembre 2008

Apprivoisé



C'est alors qu'apparut le renard :

"Bonjour", dit le renard.
"Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste"...
"Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé".
"Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?"
"C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie créer des liens..."
"Bien sûr, tu n'es pas encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..."

(...)

"Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sur terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé..."

(...)

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure de départ fut proche :

"Ah ! dit le renard. Je pleurerai."
"C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise..."
"Bien sûr", dit le renard.
"Mais tu vas pleurer !", dit le petit prince.
"Bien sûr", dit le renard.
"Mais alors, tu n'y gagne rien", dit le petit prince.
"J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé".

Puis il ajouta : "Va revoir les roses. Tu comprendras. Tu comprendras que la tienne est unique au monde".

Le petit prince s'en fut revoir les roses :

"Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais, j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde".
"Vous êtes belles, mais vous êtes vides, dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est ma rose."

Et il revient vers le renard :
"Adieu", dit-il...
"Adieu", dit le renard.

"Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux."

"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. Les hommes ont oublié cette vérité. Tu ne dois pas l'oublier. Tu est responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose."

dimanche 2 novembre 2008

Oser vivre ses rêves

Encore un petit texte écrit par moi-même dans le cadre d'un cours d'écriture.


Oser vivre ses rêves


La porte s'ouvre en grinçant. Je parcours le bistrot du regard. Au fond, un serveur passe un coup de balai. Derrière le comptoir, le barman nettoie les verres. Je jette un rapide coup d'oeil à ma montre. Il est 21h30. Je m'avance vers le comptoir. Le barman lève les yeux et me sourit. Je fouille dans mes poches, et sors un billet de cinq euros.

« Bonsoir, Joël
- Bonsoir David. De passage ?
- Oui... »

Je sirote ma bière, plongé dans mes pensées. Pourquoi suis-je allé à Boulogne-sur-Mer ? J'ai agi sur un coup de tête. Je voulais voir la mer. Mais même le bruit des vagues se cassant sur le sable n'arrive pas à me consoler. Me consoler de quoi ? De la mort de Camille. Ma femme. Elle me manque. J'aimerais la revoir, rien qu'une fois. Lui dire que je l'aime et que tout est ma faute.

« Une autre bière, s'il te plaît. »

Un voile blanc passe devant mes yeux. Je me sens mieux, apaisé. Je bois ma bière cul-sec. Je regarde Joël et lui sourit. Je suis de bonne humeur.

« Comment vont les affaires ?
- Pas mal... »

Joël a l'air la tête ailleurs. Je me demande bien ce qui le tracasse. Je n'insiste pas et commande une vodka.

« Tu ne penses pas que tu as assez bu ? », me demande Joël.

Je ris. Joël soupire, et pose le verre sur le comptoir. Je sais ce qu'il pense. Que je bois trop. Que je suis accroc. Mais boire un verre ne me tuera pas...


***


Ce soir je suis allé dans un café. J'ai rencontré un habitué des lieux. Il parlait tout seul et apostrophait parfois le barman, qui ne répondait pas et se contentait d'essuyer ses verres. Je me suis approché et j'ai commandé un café.

L'homme – ivre – m'a regardé, désireux de discuter. Il m'a confié ce qu'il avait sur le coeur. Une femme morte d'un cancer. Un travail fatiguant. Une vie sans intérêt. Le chagrin et la peur noyés dans l'alcool.

Parfois il arrive que nous ne soyons pas satisfaits de nos vies, que nous ayons des rêves et que ceux-ci demeurent inaccessibles. S'offrent alors à nous plusieurs options, plusieurs chemins.

Le premier chemin est le plus facile : se résigner et ne pas agir. Continuer à mener une vie banale mais sûre. Ceux qui empruntent cette voie ont peur de l'imprévu et se sentent en sécurité quand ils respectent les règles édictées par la société : se marier, avoir des enfants, une maison, un chien. Ils ne cherchent pas à se révolter contre l'ordre social établi et à vivre leurs rêves, par peur de l'inconnu. Ceux qui ne craignent pas l'aventure suivent un autre chemin. Ils décident de prendre leur vie en main et de réaliser leur rêves. Délibérément, ils ne respectent pas les règles. Ainsi peuvent-ils être vraiment heureux. Ceux qui craignent l'inconnu mais qui ne supportent pas les règles établies se retrouvent pris au piège. Ils essaient de se donner du courage, pour affronter une existence dénuée d'intérêt.

Certains se cherchent des excuses pour ne pas agir, même s'ils ont des rêves secrets : leurs enfants, leur famille... D'autres ont recours à des palliatifs qui jouent le rôle d'antidépresseurs, comme les drogues ou l'alcool. Un moyen d'oublier un temps son quotidien, de s'évader. De trouver du courage au coeur de l'ivresse. Mais l'alcool est-il vraiment un remède ? Certes, il nous rend euphorique. Pendant quelques instants, nous nous sentons vivants. Mais une fois ses effets dissipés, encore plus dure est la chute vers la réalité, amère, froide. Se réfugier dans un autre univers, que ce soit par l'alcool, la drogue voire les jeux vidéos, ne rend heureux qu'un temps. Cela ne reste qu'une illusion bien éphémère. Revenus à la dure réalité, nous sommes tentés de reprendre un verre, de fumer un autre joint ou de retourner dans le monde virtuel. Nous tombons dans une spirale infernale : celle de la dépendance. A défaut d'être libre, nous nous retrouvons encore plus prisonnier.

Je me suis trouvé à la croisée de ces chemins moi aussi, et j'ai pris la direction opposée. J'ai tout quitté – mon emploi de banquier, mon appartement - pour refaire ma vie. J'ai pris l'avion. Je suis parti. J'ai vécu deux ans aux États-Unis. Je changeais sans cesse de lieu et de travail. En rentrant en France, j'ai publié un livre sur mon expérience, bourré de photographies accumulées au cours de mon périple. Je suis maintenant écrivain. Et jamais de ma vie je ne me suis senti aussi libre. J'ai réalisé mes rêves car je me suis rebellé. J'ai trouvé le courage de me rebeller car j'ai gardé espoir. Ceux qui n'ont plus espoir ont peur de l'inconnu. Ils sombrent, la plupart du temps, dans les artifices que sont l'alcool et les drogues.

J'ai expliqué tout cela à l'homme assis à côté de moi. Le barman lui aussi m'a écouté, un torchon dans la main. Quand je me suis levé pour payer mon café, l'homme, David, a insisté pour me l'offrir. Je pense que je l'ai convaincu de garder espoir. Du moins je l'espère. Il m'a serré la main. J'ai souri et je suis rentré chez moi. Heureux et libre. Si la peur peut vous rendre prisonnier, l'espoir peut vous délivrer.

mercredi 29 octobre 2008

Mesrine, l'instinct de mort

Très attendu, le diptyque "Mesrine", réalisé par Jean François Richet, apparaît comme un véritable coup de poing dans les productions françaises (un peu palottes). Loin de faire l'apologie d'un gangster violent assoiffé de sang et d'argent, le premier volet, intitulé "L'instinct de mort", montre un Jacques Mesrine complexe, à plusieurs visages - celui du bandit sanguinaire et celui du père de famille...

Tout simplement l'un des meilleurs films noirs français jamais vu ! Vincent Cassel, méconnaissable, joue à la perfection le rôle de Mesrine, gangster totalement fou. Une première partie sur les chapeaux de roue, pas le temps de s'ennuyer, de l'action à revendre, des frissons, du suspense. On s'identifie presque à Mesrine parfois au point de le trouver sympathique, oubliant des fois que c'est un tueur sanguinaire. Preuve que le film, se penchant plus sur ce qui a poussé Mesrine a devenir un tel bandit plus que sur ses actes, est une réussite. "Le but était de montrer Mesrine sous ses différentes facettes, sans en faire l'apologie mais sans le condamner non plus", explique ainsi Vincent Cassel.


Un pur bijou, ce film, qui m'a fait autant plaisir que Bertha Boxcar, Bonny & Clide, Scarface, Les Affranchis et autres "road movies" contant l'histoire de gangsters.. Vivement la suite, difficile d'attendre, quand on voit la phrase invitant à attendre le 2e épisode, on se demande comment on va faire tant le suspense est intenable ^^ Un très très bon film, pour résumer.

lundi 13 octobre 2008

Qhapaq Ñan, la "Grande Route"


Un des nombreux endroits où je souhaite me rendre un jour ^^

lundi 22 septembre 2008

There is a pleasure in the pathless woods



"Il est au sein des bois un charme solitaire,
Un pur ravissement aux confins du désert,
Et de douces présences où nul ne s’aventure,
Au bord de l’océan qui gronde et qui murmure,
Sans cesser d’aimer l’homme, j’adore la Nature."

- Lord Byron

dimanche 21 septembre 2008

Le secret du bonheur ?




"J'ai vécu bien des choses et je crois avoir trouvé maintenant ce que requiert le bonheur.
Une vie tranquille avec la possibilité d'être utile à des gens à qui l'on peut faire du bien et qui n' ont pas l'habitude qu'on leur en fasse.
Un travail que l'on espère de quelque utilité et le repos, la nature, les livres, la musique, l'amour de son prochain. Telle est mon idée du bonheur.
Et puis, pour couronner le tout, toi pour compagne, et des enfants peut-être. Que peut désirer de plus le coeur d'un homme?"

“Le bonheur conjugal”, Léon Tolstoï.

samedi 13 septembre 2008

Voyager

En ce moment, on peut dire que je traverse une période de questionnements métaphysiques. Ca a commencé quand j'ai revu le film Into the Wild, tiré du roman (que je suis entrain de lire) racontant la vie de Chris McCandless, jeune homme de 22 ans qui plaqua tout pour partir vivre en Alaska, seul au milieu de la nature, loin de la société étouffante.

Je dois dire que je me retrouve complétement dans cela. J'ai une grande soif de voyages, une grande envie de partir vivre une aventure, qui m'apporterait enfin les réponses à mes questions, qui m'aiderait à me trouver.
Il y a plus de 10.000 ans, les hommes étaient nomades, ils vivaient dans la nature, la respectaient. Ils faisaient partie du monde, et ne s'en étaient pas encore détachés. La propriété n'existait pas encore. Aujourd'hui, quand je pense à ma vie, je ne comprend pas pourquoi je dois étudier depuis des années pour passer mes jours à travailler, à vivre en société, et à ne pas connaître la beauté du monde, si proche mais en même temps si éloignée. Est-on vraiment libre, en fin de compte ? Bien sûr, les voyages permettent d'entrevoir le monde, mais ce n'est pas en voyageant deux mois par ans que quelqu'un pourra en profiter pleinement. Alors, bien sûr, l'envie me prend parfois de partir moi aussi quelques temps, mais je crois que je suis loin d'avoir le courage de quitter ma vie confortable. Je crois que McCandless était à part. Néanmoins un projet commence à naître en moi, un voyage, la découverte...
Qu'est ce que le bonheur ? Une vie tranquille, simple ? L'amour ? Difficile à dire, chacun en a une définition différente. Moi, je crois que je ne serai jamais totalement heureux si je ne connais pas un peu plus le monde. Quelle frustration que de rester toujours au même endroit, dans la même ville, de se dire qu'il existe d'autres contrées, d'autres cultures, et qu'on est "obligé" de rester. Obligé, parce qu'on fait partie d'une société, parce qu'on a quelque chose à prouver... Alors oui, je compte voyager, aimer, profiter du temps qui s'étend devant moi pour découvrir le monde, les autres cultures, admirer la nature, profiter, sentir, ressentir, rencontrer d'autres personnes, élargir mon horizon... me sentir libre, vraiment libre.

samedi 23 août 2008

Princesse Mononoké

Puisque je suis dans ma période "revisionnage des Miyazaki", voici mon préféré parmi les nombreux films du maître. Mon préféré pour : la beauté des dessins, la musique sublime, le scenario creusé, la moral écologiste... Un film animé bien loin de tous ceux auxquels on était habitués. Ici, l'histoire est sombre, grave, il y a bien sûr des moments drôles, mais moins que dans d'autres Miyazaki. Subsiste évidemment comme points communs l'ambiance poétique et les personnages qui ne sont jamais manichéens. Ils sont capables du meilleur comme du pire, mais on ne peut pas les juger au final. Ainsi Hayao Miyazaki explore-t-il l'âme des hommes.

L'histoire se déroule dans le Japon médiéval. Ashitaka, jeune guerrier, est frappé d'une malédiction après avoir tué un sanglier devenu démon. Les sages du village le disent condamné à devenir lui-même un démon. Il part donc à la recherche de l'origine des malheurs qui frappent le monde et de sa malédiction, et il va se retrouver mêlé à une guerre entre les dieux, protégeant la forêt et la nature, et les hommes qui veulent étendre leur civilisation...
Miyazaki a comme d'habitude créé un film animé aux décors et aux dessins extrêmement soignés. La musique magistrale de Joe Hisaishi conjuguée à la beauté des images crée une atmosphère féérique qui nous capte et nous captive. N'oublions pas, évidemment, la morale de l'histoire, car il y a toujours une morale dans ces films : prendre soin de la nature, vivre en paix, être tolérant et respecter la vie - humaine ou animale. Des thèmes qui reviennent beaucoup en ce moment, mais que Miyazaki, en avance sur les autres, explore déjà depuis plus de vingt ans. Après avoir vu Princesse Mononoké, impossible de ne pas porter sur la nature un regard bienveillant, poétique même...

Nausicaa de la vallée du vent

Et hop, une petite review de "Nausicaa de la vallée du vent" ^^



Nous voici plongés dans un monde futuriste ravagé par la pollution. Ce qui était autrefois une grande civilisation industrielle disparut avec ses connaissances et sa technologie lors des sept jours de feu, une guerre qui ravagea le monde. La terre est un immense désert recouvert d'une forêt rejetant des gaz empoisonnés dans lesquelles vivent d'énormes insectes mutants La pollution de cette forêt toxique ne cesse de s'étendre, ravageant les rares habitations qui ont survécues au désastre. Pourtant, un espoir subsiste, celui de la vallée du vent, une région qui vit grâce à l'énergie du vent, et dans laquelle la forêt toxique n'a jamais réussi à s'infiltrer. C'est le pacifique roi Jhil qui règne sur la vallée, avec sa fille, Nausicaä. Mais la fureur des Oomus, des insectes géants, ne cesse de s'étendre. Nausicaä est la seule à savoir parler aux insectes et à les apaiser. C'est alors que l'empire Torumekian, un peuple belliqueux, déclare la guerre à la citée adverse de Pejite...

Ce film ne date pas d'hier, car il remonte à 1985, avant les studios Ghibli, et est lui même l'adaptation du manga du même nom dessiné par Miyazaki, et qui avait eu un grand succès au Japon, donnant au personnage de Nausicaa un statut quasi-mythique.



C'est non sans m'attendre à un nouveau chef d'oeuvre de la part de Miyazaki que j'ai vu "Nausicaa de la Vallée du Vent", et je n'ai bien sur pas été déçu. J'ai littéralement été émerveillé par cette fable humaniste. Le film commence par une magnifique pléiade de couleurs, un vrai ballet dans un monde étrange, qui s'avère être le notre, dans un avenir lointain, quand la pollution aura fait son "job".. La musique magnifique, comme toutes ses musiques, de Joe Hisaishi, montait en crescendo, et le titre est apparu sous mes yeux captivés.. L'histoire tenait debout, bien plus que celles de tous les autres Miyazaki que j'avais pu voir auparavant.. J'ai très vite senti que je regardais quelque chose de différent, et pour cause, c'est un peu l'oeuvre culte de Miyazaki que je regardais.. L'adaptation d'un manga qui est le travail d'une vie...



Bien sur, on retrouve la fibre écologique (on devrait plutôt parler de "fibre shintoïste", en fait, puisque Miyazaki est totalement imprégné par le shinto et la vision du monde qui en découle : respect de tout ce qui existe, du brin d'herbe au têtard dans le ruisseau) du maitre, cette ôde à la nature, illuminée par le "Requiem de Nausicaa", composée par Joe Hisaishi..
Et bien sur, les personnages ne sont ni tout blanc ni tout noir, ni 100% méchants, ni 100% mauvais.. Magnifique film sur la nature et l'intervention des hommes qui bouleverse tout, même sans le vouloir vraiment parfois.. Magnifiques images, et dessins sublimes, pour l'époque.. Scenario et dialogues très travaillés.. Oui, rien à voir avec un Disney ou un produit Dreamworks.. C'est du Miyazaki, et c'est du grand art.. Un film profond, poétique, magique, dynamique, captivant.. Magnifique.

samedi 5 juillet 2008

Valse avec Bachir



Je suis sorti il y a quelques heures de la salle de cinéma l'esprit encore chargé d'émotion, après avoir vu un film peu commun. Ce film s'appelle "Valse avec Bachir". Impossible d'expliquer le titre, il faut voir le film pour comprendre. Bref, après avoir bu un coup et avant de me reposer après avoir fait du vélo tout l'après midi (super ce p'tit chemin Orchies-Fenain ^^), je me devais de dire ce que je pense de « Valse avec Bachir ». Que ce soit clair : ce film surpasse à tous points de vue le film, que je trouvais déjà extraordinaire, répondant au doux nom de « Persepolis ». Oui, il le surpasse. Dans l'intensité, l'émotion, la beauté des images. Les dessins sont... à couper le souffle. L'univers du film est totalement unique. On entre littéralement dans l'écran, on se retrouve propulsé en pleine guerre du Liban (dans les 80's). On entend les balles fuser, les explosions, les cris. La musique enfle, l'émotion aussi. Non clairement, ce film est un coup de maître en même temps qu'un gros coup de coeur. J'ai beau chercher, je ne vois aucun défaut, c'est le film (d'animation) parfait. Parfait pour sa capacité à faire s'évader celui qui le regarde, mais aussi pour ce qu'il dénonce : la guerre. La guerre qui de tous temps à fait des victimes, et en première ligne les civils. Que ce soit la 2nd guerre mondiale ou la guerre du Liban. Comme Persepolis, qui apprenait pas mal de choses sur l'Iran, Valse avec Bachir permet de connaître un peu mieux le Liban, mais aussi les palestiniens et Israël. Après ce film, impossible de ne pas comprendre ce qui se passe là bas, depuis maintenant 60 ans. Bon je ne vais pas raconter tout le film non plus. Sachez juste que si vous devez payer 7 euros pour voir un film, « Valse avec Bachir » est préférable aux blockbusters et autres films américains rapidement oubliés.


vendredi 4 juillet 2008

Vivre

« La vie peut être courte ou longue, tout dépend de la façon dont nous vivons »



(Paulo Coelho - Le démon et mademoiselle Prym)

samedi 24 mai 2008

Last trip

Un ptit texte que j'ai écrit dans le cadre d'un cours d'écriture.

Un dernier voyage

Avoir la conscience du moment, c’est tout ce qu’il souhaitait. Comme si ce n’était pas le cas avant. Alors, il profiterait pleinement de sa vie. C’est ce qu’il pensait, ce qu’il désirait. Maintenant, je vais vivre.

Il sortit dans la rue et monta dans sa voiture, direction l'aéroport. Il ne savait pas lui même ce qu'il était entrain de faire. C'était comme si une force invisible le guidait. Il parcourut le grand hall du regard. Les voyageurs se pressaient devant les guichets, couraient vers les portes d'embarquement. Quelques couples s'embrassaient, comme pour se dire au revoir. Maintenant, je vais oser.

Ses pas l'attirèrent vers un guichet. Il ne réalisa ce qu'il était entrain de faire que lorsque la femme au képi bleu lui adressa la parole.

- Bonjour, dit-elle.

- Bonjour.

Elle avait un joli sourire. De jolis cheveux, aussi. David sourit à son tour, et tourna la tête vers le panneau où étaient affichés les vols prévus.

- Je souhaiterais prendre le prochain avion pour New York.

Maintenant, je vais vivre, pensa-t-il encore. La jolie brune lui tendit son billet, énonça quelques règles à propos de ses bagages.

- Vous n'avez pas de bagages ?

- Non...

Il n'avait pas envie de s'éterniser. Il sourit et se dirigea vers les boutiques au fond de l'aéroport, adressant un petit signe à la guichetière. Non, je n'ai pas de bagage. Je n'en ai pas besoin.

Il ne connaissait personne à New York. Eddie, un ami américain, avait de la famille là bas. Tout en sirotant son soda, accoudé au bar de l'aéroport, David hésitait. Après tout, s'il devait tout recommencer, autant le faire tout de suite et ne pas rechercher d'aide. Il se leva et se dirigea vers un distributeur. Il retira 500 euros, le montant maximum autorisé. Hésita un instant à jeter sa carte, mais la rangea dans sa poche. Il pourrait encore en avoir besoin.

Quand il s'assit sur l'un des nombreux sièges de la salle d'attente, il pensa à tout ce qu'il avait accompli jusque là. Rien. Ou pas grand chose. Vingt ans de sa vie gâchés par les études, par la course à l'argent. Vingt ans où il aurait pu profiter de sa jeunesse. Maintenant, il avait quarante et un an et commençait à peine à vivre. Que de temps perdu...

David ne savait pas vraiment ce qu'il ferait une fois aux États-Unis, mais il avait vraiment envie de voyager. Il voulait profiter, voir le monde. Faire ce que, pendant des années, il n'avait pas osé accomplir. Un tour du monde. Son regard s'illumina. Un tour du monde, et après... Et après, il pourrait partir. S'en aller de ce monde, parfaitement heureux. Avant de mourir, il voulait voir, toucher, sentir, ressentir. Des choses qui n'avaient jusque là pas eu de vrai sens. Bien sûr, il avait aimé. Il avait connu beaucoup de femmes. Mais jamais il n'avait connu le vrai amour. En fait, en y pensant, il n'avait jamais été vraiment heureux.

Le téléphone portable sonna. Comme émergeant d'un rêve, David baissa les yeux sur sa poche.

- Allo ?

A l'autre bout du fil, Aure s'inquiétait. Il n'était pas venu travailler aujourd’hui. Était-il malade ?

- Je suis un peu souffrant. Non, ce n'est pas la peine de vous déranger.

Aure ne voulait plus raccrocher. Comme si elle flairait quelque chose.

- Oui... Merci. Aure...

C'était maintenant ou jamais. Le moment du grand saut.

- Je vais partir. Oui. Non, je ne rentrerais pas. Non. Pas la peine d'essayer de me contacter. Oui...

Il raccrocha, sans lui laisser le temps de répondre. Puis il se leva, se dirigea vers la poubelle la plus proche et y lança son téléphone. Maintenant, on ne le dérangerait plus. Plus personne. Ni Aure, sa gentille secrétaire, ni son ex-femme, avare et acariâtre, ni ses associés. Personne. Je vais disparaître.

*

Il était assis à côté d'une jeune femme. Elle lisait, visiblement absorbée. Autour de lui, un silence religieux. Il tourna encore la tête. Tout le monde, ou presque, dormait. Les autres regardaient le film projeté sur l'écran au fond de l'avion. Quelques uns lisaient. D'autres bavardaient. Qui étaient ces gens ? Étaient-ils heureux ? Connaissaient-ils la valeur de leur existence ? La chance qu'ils avaient ? David regarda à travers le hublot. On ne voyait que d'infimes rayons de soleil à travers les nuages blancs. Des nuages comme il n'en avait jamais vu. C'était la première fois qu'il prenait l'avion. Et probablement la dernière.

Il aurait dû avoir peur de la mort, se sentir triste, mais ce soir là, dans l'avion, à des centaines de kilomètres de chez lui, il se sentait heureux. Heureux et libre. Si libre que ses idées vagabondaient dans son esprit et qu'il lui tardait de commencer son voyage. Un long voyage, à l'issue incertaine. Mais qu'importe l'incertitude. J'ai été incertain bien trop longtemps, pensa-t-il. Incertain, de nos jours, c'était comme être prisonnier. Prisonnier de son travail, de sa famille. C'était comme bâtir soi-même ses propres barrières.

Il était si simple de voyager. L'aéroport n'était qu'à vingt minutes. Mais il n'avait jamais osé bouleverser sa petite vie bien réglée. Une vie tranquille. J'étais tranquille, mais il me manquait quelque chose. Pourquoi n'avait-il jamais osé ? Il n'aurait pas su y répondre lui-même. Peut-être par peur. Peur de quoi ? De quoi avais-tu peur ? La jeune femme posa son livre sur ses genoux et regarda par le hublot. Son regard croisa le sien. Elle sourit. Il s'attendait à ce qu'elle dise quelque chose, mais elle retourna bientôt à son roman. Et elle, de quoi a-t-elle peur ? Je n'allais pas la manger. Pourquoi hésiter, pourquoi laisser passer des occasions quand elles se présentent ? Lui, il ne laisserait plus passer une seule occasion. Il allait vivre ses rêves, pour de bon.

C'était ce qui lui avait toujours manqué, en fin de compte. Son rêve, c'était de parcourir le monde. Mais ses pieds étaient restés bien ancrés au sol. Il s'était marié. Il avait eu deux enfants, un garçon et une fille. Il était devenu avocat. Avait divorcé. S'était remarié. Et ainsi de suite. Jusqu'à ce qu'un jour, il ne découvre qu'il souffrait d'un cancer et qu'il ne lui restait plus qu'un an à vivre. A quoi lui servaient maintenant les milliers d'euros amassés au cours de sa vie ? Sinon à lui permettre de réaliser son rêve. Un dernier voyage. Sans plus attendre. Respirer, voir.

Ce voyage, c'était ce qu'il rêvait de faire depuis vingt ans. Quand il était à l'université, son professeur de philosophie, Monsieur Chevalier, les avait invités lui et ses camarades à dresser la liste de ce qu'ils aimeraient faire, tenter, voir, avant de mourir. Sans hésiter, David avait écrit : « Voyager. Voir le monde ». A l'époque, ce rêve semblait réalisable. Mais au bout de vingt ans, il avait fini par devenir un lointain souvenir. Une accumulation de regrets et d'occasions manquées. A l'image de cette jeune femme à côté de lui, qui n'avait pas osé engager la conversation. Réaliser son rêve était maintenant devenu une urgence. C'était maintenant, ou jamais. Vivre pour mieux mourir, mais vivre quand même. Se sentir libre pendant un instant. Immensément libre.

- Vous rejoignez quelqu'un à New York ?

La façon dont il posa la question était si impromptue, si soudaine, que la femme paru totalement déboussolée.

- Non. Je vais visiter la ville, mais seule.

- Pourquoi seule ?

Elle sourit timidement, comme gênée.

- Et bien, personne n'a voulu m'accompagner. Certains n'avaient pas le temps, d'autres n'avaient pas assez d'argent... D'autres n'aiment pas voyager. Alors je me suis dit qu'il valait mieux partir seule, à l'aventure.


*


Quand l'avion se posa sur le tarmac, le ciel était sombre. Une fine pluie tombait. Ils longèrent la passerelle, sans cesser une seule fois de parler. Il n'arrivait plus à s'arrêter. C'était comme si un barrage avait été rompu dans son esprit, qu'il n'avait pas parlé à quelqu'un depuis des années. Et c'était le cas...

Elle récupéra son sac à dos. Il marcha à ses côtés, les mains dans les poches, avec pour seuls bagages ses yeux et sa liberté nouvellement acquise.

- Vous partez par où ?

Il leva la tête, surpris.

- Et bien... Je n'en ai aucune idée. En fait, je pensais partir au hasard.

- C'est parfait pour moi, répondit-t-elle tout sourire.

Elle leva un doigt. L'espace d'un instant, il crut reconnaître en elle un peu du jeune homme qu'il était autrefois. Celui qui rêvait de voyager. Mais qui n'avait pas osé.

- A droite ?

Il hocha la tête. Ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, mais ils avaient décidé de faire un petit bout de chemin ensemble. Il lui emboîta le pas, puis ils se dirigèrent vers l'inconnu. Un inconnu qui ne leur faisait pas peur, bien au contraire. Tout en marchant, il sourit. Maintenant, je vais vivre.


dimanche 18 mai 2008

IJBA, ça, c'est fait !


IJBA: A la recherche de la nouvelle promo

Vidéo de l'année dernière mais l'esprit est le même. C'était vraiment sympa ce concours. Je ne me fais pas non plus de faux espoirs, mais c'était sympa ! ^^ (au pire je l'aurai l'année prochaine) Mention à la dictée, à la tournée des bars bordelais (par contre, le match lens bordeaux était moins sympa... :( ), au sandwich mangé en désespoir de cause dans le CHU tout proche de la fac, à la ptite marche nocturne le long des quais, jusqu'au super hotel formule 1... bref de supers souvenirs lol. Bordeaux est une chouette ville sinon.

Je reviens de toute une journée de train là donc j'vais me reposer maintenant ;)

jeudi 15 mai 2008

Somewhere over the rainbow

Quand deux anges se rencontrent, l'un sur terre, l'autre déjà au paradis. Ca donne "somewhere over the rainbow" interprété par Eva Cassidy et Katie Melua. Un duo impossible, mais de nos jours tout est possible. Ecoutez ça, vous m'en direz des nouvelles ^^

samedi 10 mai 2008

Stand By Me

Je vous présente un superbe film de 1986 adapté d'un chef d'oeuvre de Stephen King. Plus précisément de la nouvelle Le Corps (tiré du recueil Différentes saisons, qui comprend également Les Evadés et Un Elève doué).



Un type sur allociné décrit le film ainsi :
" Stand By Me est certainement un des films le plus réussi sur la période de préadolescence. celle ou nos glandes ne travaillent pas encore à plein régime et ou on préfère braver tous les dangers avec les copains. et oui, ce film s'adresse à tous les nostalgiques de cette époque (ce temps ou il nous reste suffisamment d'innocence pour ne pas trop penser à notre avenir). pouvoir replonger pendant 1h30 à cette époque qu'est ce que c'est bien mais qu'est ce que c'est court. "


Tandis que sortaient deux films typiquement 80's ayant pour héros de jeunes adolescents pré-pubères lancés dans des aventures plus grandes que nature (Explorers et Les Goonies), Stand by me, pourtant signé de la main du maître de l'horreur, se situe dans un univers dénué de tout élément fantastique. Tout en reprenant le thème du parcours initiatique, articulé ici autour de la quête d'un cadavre infantile, Stephen King nous emmène, loin des péripéties des films de Dante et Donner, à la fin des années 50, dans son propre passé.

Synopsis :
" 1959. C’était déjà la fin de l’été. Castle Rock, petite bourgade perdue dans le fin fond de l’Amérique, dormait paisiblement dans le silence ensoleillé. Pourtant, l’on ne parlait que d’une seule chose. Ray Brower avait mystérieusement disparu. Parti pour la journée dans la grande forêt aux abords de la ville, le gamin n’était jamais revenu. En ce temps là, Ben E. King chantait Stand by me.

En ce temps-là, il suffisait d’une disparition pour que les esprits s’échauffent. Et Vern Tessio savait où se trouvait Ray Brower. Mort au plus profond de la forêt, près de la voie ferrée, heurté par un tram. Gardie Lachance, Chris Chambers et Teddy Duchamp, inséparables camarades décidèrent, malgré les protestations de Vern, de partir à la recherche du corps. Ils avaient tous les quatre treize ans. C’était déjà la fin de l’été..."




Porter Stephen King à l’écran ne s’avère pas une entreprise aussi aisée qu’il semble l’être, malgré les facilités visuelles qu’offrent chaque roman du prolifique écrivain. Ainsi nombre de producteurs et de réalisateurs se sont fourvoyés, incapables de comprendre cette subtile et si inquiétante approche de l’horreur du quotidien, et très peu d’adaptations cinématographiques possèdent la puissance évocatrice à laquelle nous a habitués le maître de l’épouvante. Si Carrie, de Brian de Palma, fut le chef-d’œuvre que l’on sait, c’est parce que le scénario s’éloignait du texte original. Salems Lot de Tobe Hooper, piètre adaptation, fut distribuée en France dans une version mutilée ; The Shining de Kubrick, étouffait sous la trop grande personnalité du metteur en scène ; Cujo de Lewis Teague ne séduisit pas les foules par son traitement trop sobre. Ne demeurent présents à nos esprits que Carrie, The Dead Zone de David Cronenberg, et les deux adaptations géniales de Franck Darabond : Les Evadés (Shawshanks Redemption) et La Ligne Verte (The Green Mile). Le sujet de The Body était difficile - la simple aventure de quatre adolescents à la recherche d’un cadavre - et respecter l’atmosphère nostalgique du récit pouvait se révéler périlleux.



Il est impossible de voir autre chose qu'un récit autobiographique dans cette adaptation de la nouvelle Le Corps, tant le personnage principal, Gordie Lachance, apparaît comme l'alter ego de l'auteur. Narré en voix-off par un écrivain en pleine rédaction de ces mêmes souvenirs, l'histoire transpire le vécu. Gordie a grandi dans l'ombre d'un grand frère auréolé de succès sportifs, fils préféré des parents, aujourd'hui décédé, et ne trouve refuge qu'auprès de trois amis, avec qui il partagera ce voyage. Ensemble, ils font face aux brutes plus âgées (qui feront office de nemesis lors du dénouement), aux réputations à la peau dure (celle de voyou pour l'un, d'un père dérangé pour l'autre) et c'est sur eux que Gordie essaie son talent d'écriture. Se focalisant sur l'amitié qui lie les compagnons, Stand by me livre notamment les clés concernant les personnages de King, et présente une alternative juvénile du protagoniste écrivain.

Stand by Me suscite de nombreuses émotions diffuses, comme un livre d’images que l’on feuilletterait, à la quête de visages disparus. Stephen King à la poursuite de son enfance se fait tendre, nostalgique, pessimiste parfois. Les quatre protagonistes - prototypes idéaux de tous les copains d’enfance (l’intello le chef de bande, le casse-cou et le petit gros) sous le couvert du jeu, de l’exploit, découvrent la triste réalité de la mort, la fragilité de la chair, tandis que King évoquant son adolescence, fuit peut-être devant elle.

Rob Reiner, chargé de la mise en scène, construit par petites touches successives une œuvre sensible, romantique, peuplée de regrets et de souvenirs, préférant éluder l’aspect macabre du roman afin que subsiste l’émotion, celle du vécu qui disparaît atteint l’âge adulte. Acteur chevronné avant d’être metteur en scène, il maîtrise entièrement la narration et dirige ses jeunes acteurs avec le savoir-faire qui fait défaut à certains. Wil Weaton, River Phoenix, Corey Feldman ("Bagou" dans Les Goonies) et Jerry O’Connel forment un quatuor de choc, et affronteront le dangereux voyou Ace Merrill incarné par Kiefer Sutherland (fils de Donald Sutherland - unanimement connu dans son rôle de Jack Bauer dans 24). La justesse de l’interprétation semble l’atout le plus important du film.

Stand by Me, petit chef d’œuvre dédié à l’enfance et à l'amitié, tient ses promesses. Par delà un curieux retour au classicisme cinématographique, Reiner innove peu, délaissant l’effet, le style, l’image au profit de l’histoire, La mise en scène s’efface devant le conte cruel, pour mettre en exergue les moments exceptionnels de cette aventure à la fois ordinaire et peu ordinaire.

vendredi 2 mai 2008

Désinformation et journalisme





Quand des journalistes ne vérifient pas leurs sources et inventent des informations, voilà ce que ça donne : le spectacle navrant de la désinformation sur France 2 et Libération. Vive l'emission "arrêt sur image" !

dimanche 30 mars 2008

Katie Melua, concert et interview

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Hier soir, c'était le concert de Katie Melua. Un incroyable moment. Sa voix féérique n'a cessé d'enchanter le public, qui était hélas un peu "mou du genou", mais passons. Katie a chanté nombre de ses classiques, expliquant entre deux certaines choses sur sa vie. Sur mon mur trône un poster flambant neuf, sur ma table, un calendrier, deux T-shirts... J'ai tout acheté, je n'ai pas pu résister :) Bref, un magnifique concert.

Ci-dessus, la fameuse interview téléphonique. J'avais au départ 4 pages, j'ai dû purger l'article et en laisser une seule. C'était un peu frustrant, aussi je mettrais bientôt l'intégrale sur ce blog ;) (ainsi que deux vidéos du concert prises avec mon téléphone portable)


C'était je crois l'un des meilleurs concerts que j'ai vu. Magnifiques lumières, voix ensorcelante... Chansons qui touchent droit au coeur, dont "I Cried For You" en guise de conclusion, qui en aura certainement ému plus d'un. Ci dessous, une vidéo de cette chanson en live. Ce n'est pas le concert de Roubaix. Mais sa prestation hier soir était tout aussi belle, voire encore plus belle.

dimanche 23 mars 2008

Juno

Incroyable Ellen Page, qui brille pendant tout le film de son jeu, de sa présence, de son charisme. Elle donne au film un véritable souffle et nous coupe le notre tant elle joue à la perfection. Le film est en lui même très bon. Un vrai délice que ce film très drôle, mais aussi très touchant. La BO est géniale et l'on sort de la salle avec son petit air en tête. Un film qui fait rire, où règne fraicheur et bonne humeur, bien que le fond soit quand même assez triste. Un scenario qui de prime abord parait assez classique mais qui finalement est très riche en rebondissements et très creusé. Bref, "Juno", c'est un film peu commun qui mérite les honneurs. Et Ellen Page, de son côté, est incroyable. Vivement qu'on puisse la voir dans d'autres films. C'est une jeune actrice prometteuse, très prometteuse.

mercredi 19 mars 2008

Free Tibet



Pour un libre Tibet. Faites circuler cette vidéo !

mardi 4 mars 2008

Just like heaven

Mon interview est terminée ! C'était un vrai rêve ! Je suis sûr un nuage, just like heaven... Je ne me suis pas si mal débrouillé que cela au final, j'ai réussi à poser mes questions, mon stress qui me taraudait pendant les heures précédentes s'est littéralement évacué, bref ce fut parfait. Il me reste maintenant à rédiger l'article... :)

Plus que 6 h


Me voilà dans la dernière ligne droite... J'ai finalement gardé 15 questions, dont 8 principales. L'interview a lieu dans environ 6 h... Je stresse tellement que je crois que je n'ai jamais stressé comme ça ! Bon, je me remet à mon anglais moi :)

vendredi 29 février 2008

En attendant l'interview ^^

free music


J'attend toujours que l'attaché de presse me contacte pour avoir une date... C'est on ne peut plus stressant que d'attendre aussi longtemps ^^
edit : Bon finalement j'ai eu la date. C'est Mardi. Stressssss ^^

vendredi 15 février 2008

Interviewer Katie Melua

Quelle ne fut pas ma surprise en lisant ce mail ce midi : "Fabien si tu es partant j'ai eu l'autorisation d'interviewer Katie Melua au téléphone. Si tu es intéressé, contacte Mr X..."

Un instant, je cogite. Puis je réalise : j'ai la chance de parler avec mon idole, de lui poser des questions, de lui dire ce que je pense d'elle, que je veux l'épouser (oui bon j'exagère) ! Oui, mais... Le problème, de taille, c'est que c'est en anglais.
Alors j'imagine comment faire : trouver un bilingue parmi mes amis pour m'aider à traduire l'interview après coup. Mais alors, faudrait que j'enregistre l'interview, et au téléphone c'est un peu galère. Alors j'ai demandé à Radio Campus si exceptionnellement j'pouvais utiliser leur studio. "OK mais faut que je sois là", me répond René. Oui mais moi je peux pas dire à l'attaché de presse de Katie Melua que je dois m'arranger avec toi, René.
Donc j'ai un autre choix : le micro posé près de l'écouteur. Ca marche d'habitude, mais d'habitude ils parlent français. Je ne sais pas du tout si j'arriverai à avoir un son potable si mon interlocuteur parle en anglais à la vitesse d'un train grande vitesse. Bon, l'attaché m'a dit au telephone cette aprem : "On va lui demander de parler lentement". Ca m'a rassuré, sur le coup.
Bon, enfin, je vais m'en sortir, mais je commence déjà à stresser. D'abord parce que je suis hyper content de pouvoir parler à Katie Melua (que je vais voir en concert au Colisée de Roubaix en Mars), ensuite parce que je vais affronter une expérience totalement inédite et... casse gueule : l'interview téléphonique... en anglais.